Décoloniser l’Alpha et le FLE : une démarche collective et féministe

L’équipe du CFEP a eu l’opportunité de participer à une formation d’ITECO asbl intitulée  » Les féminismes décoloniaux en alpha et en FLE, Parce que la colonialité est partout, la décolonialité est inévitable « . À la suite de cette formation, nous nous engageons à revisiter nos pratiques dans une démarche de décolonisation, en nous appuyant sur les enseignements et ressources partagés lors de ce programme.

Illustration pour l'article sur le féminisme décolonial

Idées et engagements principaux 

Une des premières idées abordées est la critique du modèle occidental, blanc et colonial de l’apprentissage. Ce modèle, profondément ancré dans une vision coloniale, repose sur l’idée implicite que « je sais mieux », créant ainsi une hiérarchie des savoirs. Dans cette perspective, le savoir occidental, souvent perçu comme supérieur, se positionne contre ce qui est jugé « primitif », dévalorisant ainsi d’autres formes de savoir et de culture. Les langues et traditions non occidentales sont fréquemment reléguées à un statut inférieur. Le CFEP s’engage résolument à déconstruire cette hiérarchie et à plaider pour une éducation plus inclusive, respectueuse de la pluralité des savoirs, qui valorise les savoirs propres et les cultures dans leur diversité et leur richesse. 

Un autre engagement majeur découle du rejet du féminisme blanc néolibéral, qui impose une vision étroite de l’émancipation des femmes. Ce modèle, imprégné de logiques néolibérales, met en avant l’image d’une femme blanche, bourgeoise, qui s’épanouit dans un système économique capitaliste : travail salarié, enfants, conformité à des normes sociales, notamment l’absence de voile. Il s’agit là d’une vision limitative et homogénéisante de l’émancipation, qui ignore les réalités des femmes racisées et/ou migrantes. L’association souhaite promouvoir un féminisme intersectionnel et décolonial, qui intègre la diversité des vécus et des combats, et qui lutte contre la marchandisation des corps et des identités féminines. Cela implique de redéfinir l’autonomisation des femmes, loin des impératifs économiques imposés par un modèle néolibéral qui exclut une grande partie des femmes.

Enfin, en réponse à ces modèles oppressifs, nous défendons l’intersectionnalité comme cadre d’analyse politique et philosophique. L’intersectionnalité, qui permet de prendre en compte la multiplicité des facteurs (genre, race, classe sociale, sexualité, etc.) dans la compréhension des rapports de pouvoir et des formes d’oppression, devient ainsi un outil fondamental pour déconstruire les inégalités systémiques. Loin d’être une simple grille de lecture, l’intersectionnalité est une approche qui nourrit l’action militante, en offrant une vision plus nuancée et inclusive des expériences vécues. Cette démarche permet d’analyser les enjeux sociaux sous un angle complexe et de promouvoir une action collective plus juste, où les luttes contre les discriminations s’entrelacent et se renforcent.

Une analyse critique du modèle Alpha/FLE et des dynamiques coloniales

Jérémy Piolat soulève également une ambiguïté importante : dans quelle mesure le milieu associatif, qui se veut bienveillant, ne perpétue-t-il pas des formes de domination en imposant un savoir dominant tout en infantilisant l’Autre ? Cette question se pose particulièrement en ce qui concerne les femmes racisées, souvent vues à travers un prisme de stéréotypes racistes qui les présentent comme « soumises » à leurs maris, un cliché qui se reflète dans l’obsession des sociétés occidentales pour la liberté de ces femmes. Ces stéréotypes, qui deviennent des vérités imposées par l’Occident, dénigrent non seulement le corps des femmes racisées, mais aussi leurs cultures, jugées inférieures. Dans un contexte où les discours sur la culture montent en puissance, une forme de « racisme diplomatique » s’installe, un racisme qui, en se dissimulant derrière des discours sur la tolérance et la diversité, continue de véhiculer des discriminations.

Ce processus de distanciation ne se limite pas à un rejet des individus migrants ou racisés ; il permet également d’asseoir une domination symbolique et de légitimer les stéréotypes qui alimentent les discriminations. L’action du CFEP, dans ce contexte, doit donc se concentrer sur une déconstruction de ces mécanismes de pouvoir, en mettant en lumière les hiérarchies culturelles implicites qui traversent le champ éducatif.

Féminisme décolonial

Une réflexion sur l’émancipation et la décolonisation des pratiques

Une intervention de Cécile Rugira
Cécile Rugira, ayant travaillé dans le secteur Alpha/FLE et au sein de l’association Vie Féminine, offre une analyse complémentaire à celle de Jérémy Piolat, en abordant les obstacles spécifiques à l’émancipation des femmes racisées dans ces systèmes. Elle parle de ce qu’elle appelle le « plancher collant » auquel sont confrontées ces femmes, une métaphore plus juste que celle du plafond de verre. En effet, contrairement aux femmes blanches qui ont parfois accès à des opportunités d’ascension sociale, les femmes racisées rencontrent des obstacles profonds qui les empêchent d’accéder à des espaces d’émancipation. Il existe une véritable absence d’outils qui leur permettraient de s’élever socialement, et le système éducatif et associatif ne propose pas de solutions adaptées.

Cécile Rugira fait référence à la matrice coloniale développée par Quijaro en 1992, qui explore l’interconnexion entre modernité, racisme, patriarcat et capitalisme, qui se nourrissent mutuellement pour maintenir l’ordre colonial. Cela permet de comprendre comment les structures sociales actuelles continuent de reproduire les hiérarchies héritées de la colonisation. L’approche dominante dans le domaine de l’intégration, qui se veut inclusive, est en réalité souvent une forme d’assimilation : un processus par lequel les groupes dominants imposent leurs normes et valeurs aux personnes racisées. Cette assimilation, qui prétend être un mode d’intégration, est en réalité une forme de violence symbolique, car elle exclut la reconnaissance de la diversité des cultures et impose une uniformisation culturelle et sociale.

Pour Cécile Rugira, l’enjeu est de passer de cette logique d’assimilation à celle de l’inclusion, qui laisse place aux identités culturelles et personnelles des individus. Elle appelle à une décolonisation des pratiques, en adoptant une posture critique vis-à-vis du système dominant et en reconnaissant ses propres biais et privilèges. Cette démarche implique de créer des « safe spaces », des espaces sûrs où les personnes concernées peuvent s’exprimer sans crainte de jugement ni de marginalisation. En outre, elle insiste sur la nécessité de travailler sur le développement du pouvoir d’agir des personnes, en fonction de leurs besoins exprimés, plutôt que d’imposer des solutions toutes faites.

Au niveau pratique, cela se traduit par des actions concrètes, comme la diversification des équipes et la mise en place de partenariats avec des organisations racisées afin de mieux comprendre les besoins et soutenir les initiatives des personnes concernées. Un exemple de cette démarche est la pratique de la discrimination positive, par laquelle des stages ou des opportunités sont spécifiquement ouverts aux personnes racisées, afin de compenser un système qui leur offre rarement de telles opportunités.

Dans le milieu Alpha/FLE, il est crucial de légitimer les savoirs et les histoires des apprenant.es. Cela implique d’adopter une posture consciente de l’héritage colonial et de s’éloigner des postures dominantes. L’un des moyens de renforcer ce pouvoir d’agir est la mise en place d’une cogestion des classes, où les apprenant.es peuvent eux/elles-mêmes s’organiser et décider de leur participation, favorisant ainsi leur autonomie. L’un des leviers clés de cette approche est la représentation : il est crucial que celles et ceux qui parlent de vécus et issus ces communautés soient valorisées. Un exemple poignant de cette question de représentation est celui de Françoise Vergès, qui, issue d’une famille esclavagiste, s’est appropriée un héritage réunionnais qu’elle n’a pas directement vécu, une appropriation qui soulève la question de qui a le droit de parler d’un vécu particulier.

Le rôle de l’allié.e est également central dans cette dynamique, en créant des safe spaces et en portant la parole de ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Dans le contexte du milieu Alpha/FLE, cela pourrait se traduire par des actions concrètes, comme servir de traducteur.trice ou d’interprète, pour permettre une expression plus authentique des besoins des apprenant.es. Cependant, il est essentiel que les allié.es ne s’approprient pas la parole des autres et qu’ils/elles laissent l’espace nécessaire aux personnes concernées, notamment dans les activités non-mixtes, où les individus se connectent autour de leur vécu commun.

Dans ces contextes, la décolonisation des pratiques éducatives et associatives devient une démarche incontournable pour un véritable changement, non seulement au niveau des discours, mais aussi dans les actions concrètes et les transformations des structures sociales et culturelles.

Un article d’Eva Velasco

Bibliographie sur les fondement des études décoloniales et du féminisme décolonial

  • Césaire, Aimé. Discours sur le colonialisme. Présence Africaine, 2024.
  • Colin, Philippe, et Lissell Quiroz. Pensées décoloniales : une introduction aux théories critiques d’Amérique latine. Zones, 2023.
  • Davis, Angela. Femmes, race et classe. Des femmes, 1983.
  • Dussel, Enrique. Philosophie de la libération. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France. « MétaphysiqueS », 2023.
  • Fanon, Frantz. Les damnés de la terre. Editions La Découverte, 1985.
  • Hooks, bell, et Noomi B. Grüsig. De la marge au centre : théorie féministe. Cambourakis, 2017.
  • Larcher, Silyane, et Félix F. Germain. Marianne est aussi noire : luttes occultées pour l’égalité. Éditions du Seuil, 2024.
  • Miano, Léonora. L’autre langue des femmes. Points, 2023.
  • Ouassak, Fatima. La puissance des mères : pour un nouveau sujet révolutionnaire. La Découverte, 2020.
  • Piolat, Jérémie. Sudalisme : l’imaginaire qui nourrit le racisme. Éditions Libre, 2023.
  • Quijano, Aníbal. « “Race” et colonialité du pouvoir ». Mouvements, 2007/3 n° 51, 2007. p. 111-118.
  • Said, Edward William. L’orientalisme : l’orient créé par l’Occident. Paris Points. Essais 2015, 2015.

Documentaire :
Amandine Gay, Ouvrir la Voix, 2017.

Le féminisme, c’est quoi ?

En mars, on parle féminisme

Voici nos premiers petits guides, qui font partie de notre projet afin de créer des outils de sensibilisation. Avec un focus sur un thème par mois, ils sont conçus avec passion par notre ASBL pour démystifier, éduquer et inspirer.

Pour une première, on veut replacer et affiner nos connaissances sur la notion de féminisme, pour avoir une base solide pour la suite. À travers des mots simples et des idées puissantes, nous souhaitons rendre le féminisme accessible à toustes, en mettant en lumière ses enjeux, ses victoires, et les défis qu’il reste à relever. Que vous soyez novice en la matière ou déjà engagé.e dans la cause, ces guides sont là pour vous accompagner dans votre découverte ou approfondissement du féminisme.

Ils sont également disponibles en version papier. Contactez-nous pour plus d’infos.

Vous trouverez 3 parties : la première sur l’histoire et les différentes vagues du féminisme, la deuxième sur les types qui co-existent et la troisième est un focus sur les féminismes intersectionnels, car c’est là qu’est notre lutte.

La grossophobie, c’est quoi ?

En avril, on parle grossophobie

La grossophobie, fréquente et banalisée, génère discriminations et préjugés envers les personnes en surpoids ou obèses. Elle entrave l’accès aux soins, à l’emploi et à d’autres domaines de la vie quotidienne. Comprendre et reconnaître cette réalité est essentiel pour construire une société plus équitable, respectueuse de la diversité des corps.

Pour y réfléchir et lutter ensemble contre ces préjugés et ces stéréotypes, nous vous proposons de découvrir notre outil de sensibilisation « Le petit guide sur la grossophobie« .

Il existe en version papier gratuitement, si cela vous intéresse, contactez-nous par mail ou par téléphone.

femme devant un miroir

Body Positivisme : un mouvement en mutation

Depuis plusieurs décennies, le mouvement du body positivisme a évolué, passant d’une révolution contre les normes esthétiques oppressives à une expression individualiste de l’acceptation de soi.  Originalement conçu par les femmes grosses comme un cri de résistance contre les normes de beauté restrictives et discriminatoires, le mouvement a désormais été récupéré par une variété de voix. Il a évolué pour devenir une plate-forme où une multitude de voix s’expriment, parfois au détriment de son essence militante initiale.

body positivisme

Les origines du body positivisme

L’histoire du body positivisme remonte à plusieurs décennies, mais ses origines modernes peuvent être retracées dans les années 1960-70. À cette époque, des voix marginales commencent à se faire entendre, défiant les normes rigides de beauté et de taille imposées par la société. Llewellyn Louderback, auteur américain, publie en 1967 un article intitulé « More People Should be Fat! » dans The Saturday Evening Post, exposant les défis rencontrés par sa femme en raison de son poids. Cet article inspire Bill Fabrey à fonder en 1969 la National Association to Advance Fat Acceptance (NAAFA), luttant contre la discrimination envers les personnes en surpoids. Ensuite, en 1996, l’association The Body Positive est fondée par Connie Sobczak et Elizabeth Scott, avec pour objectif d’aider les individus à accepter leur corps et à lutter contre les troubles alimentaires.

Un mouvement qui évolue

Cependant, au fil des décennies, le body positivisme a subi des transformations significatives. Avec l’avènement des réseaux sociaux, le mouvement a connu une popularité croissante, atteignant un public plus large. Les plateformes telles que Instagram et Twitter ont permis à un large éventail de personnes de partager leurs expériences et de revendiquer l’acceptation de soi, quel que soit leur poids ou leur apparence. Mais cette popularité a également entraîné une dilution du message original du mouvement. De nos jours, il n’est pas rare de voir des personnes minces et répondant aux normes, utiliser le hashtag #bodypositive pour partager leurs propres insécurités physiques, telles que des vergetures ou des bourrelets. Bien que ces préoccupations soient légitimes, elles émanent souvent de corps qui correspondent déjà aux normes de beauté dominantes, détournant ainsi l’attention des personnes qui étaient à l’origine marginalisées en raison de leur poids ou de leur apparence.

Une ré-appropriation critiquée

Cette évolution du body positivisme a suscité des débats au sein du mouvement lui-même. Des voix s’élèvent pour dénoncer la déformation du mouvement, qui était à l’origine politique et militante. Le collectif Gras Politique, une association française luttant contre la grossophobie, souligne que le mouvement a été porté par des femmes grosses et racisées se sentant invisibles et mal considérées dans la société américaine. L’utilisation du mouvement par des personnes minces et conventionnellement belles a conduit à une perte de l’essence même du body positivisme, qui était de défier les normes de beauté dominantes et de lutter contre la discrimination basée sur le poids.

Dans son édition de juillet, le *Süddeutsche Zeitung Magazin* dresse un portrait désabusé du body positivisme, qualifiant le mouvement de “beau principe” mais aussi d' »idée fabuleuse » difficilement réalisable dans une société où les normes de beauté sont étroitement liées au capitalisme. Le magazine souligne également comment le mouvement a été détourné par l’industrie de la mode et de la beauté, devenant parfois une simple stratégie marketing. Le magazine allemand souligne que le retour de l’extrême maigreur sur les podiums de la haute couture et les campagnes publicitaires « prétendument inclusives » ne font que perpétuer les injonctions esthétiques traditionnelles. En effet, bien que des mannequins plus size soient mis en avant, ils sont souvent présentés avec des traits conventionnellement attrayants, ce qui renforce la pression sur l’apparence physique plutôt que de la réduire et invisibilise d’autant plus les corps gros et très gros. Face à ces constats, le concept de « body neutrality » émerge, mettant l’accent non pas sur l’aspect esthétique des corps, mais sur la dissociation de la valeur personnelle de l’apparence physique.

Vers plus d’inclusivité ?

Outre les nombreuses critiques de ré-appropriation du mouvement body positive par un public non concerné par la problématique initiale, certain.es défenseur.euses du mouvement soutiennent que le body positivisme devrait être inclusif de toutes les formes de corps et de toutes les expériences. Vannah Malila, fondatrice de CURVE, le premier mouvement body positive en Belgique, insiste sur le fait que le body positive concerne tout le monde, y compris les personnes minces. Elle souligne que les hommes ont également du mal à assumer leurs complexes et que leur représentation dans le mouvement est encore trop faible. Pour elle, le message du mouvement va bien au-delà du simple fait d’accepter ses rondeurs ; il s’agit plutôt d’accepter et de célébrer la diversité corporelle dans toutes ses formes.

Conclusion

En conclusion, le body positivisme émerge comme un mouvement en mutation, ayant traversé des décennies d’évolution depuis ses origines militantes dans les années 1960-70. Initialement conçu comme une réponse aux normes de beauté oppressives par les personnes grosses et très grosses, il a évolué pour devenir une plate-forme d’acceptation de soi où diverses voix s’expriment. Cependant, cette popularité croissante a conduit à une réappropriation critiquée du mouvement, avec des voix dénonçant sa dilution et sa déformation par des individus qui entrent néanmoins dans les cases conventionnelles de la beauté. Malgré cela, certain.es défenseur.euses du body positivisme soutiennent une vision inclusive, célébrant la diversité corporelle dans toutes ses formes. Dans l’ensemble, le body positivisme est à un tournant de son histoire. Alors que le mouvement continue d’évoluer, il est crucial de se souvenir de ses origines militantes et de s’efforcer de maintenir son engagement en faveur de la justice sociale et de l’inclusivité. Seulement ainsi pourra-t-il véritablement atteindre son objectif de libérer tous les corps des contraintes des normes esthétiques oppressives.

Bibliographie

Collectif Gras Politique. (2024). Body Positivisme : Plus que jamais, un mouvement militant [Blog post]. Récupéré sur https://graspolitique.fr/body-positivisme-plus-que-jamais-un-mouvement-militant/

Courrier International. (2023, 20 juillet). La fin de l’“idée fabuleuse” du body positivisme. *Courrier International*. https://www.courrierinternational.com/une/une-du-jour-la-fin-de-l-idee-fabuleuse-du-body-positivisme

Hidoussi, V. (2022, 25 octobre). *À double tranchant  ;  : les limites du body positive*. Madame Figaro. https://madame.lefigaro.fr/bien-etre/forme-detente/a-double-tranchant-les-limites-du-body-positive-20220410

Louderback, L. (1967). More People Should be Fat! The Saturday Evening Post.

Pirmez, M. (2019, 9 novembre). *Body positivisme, un mouvement faussement incluant ? – Mammouth Média*. Mammouth Média. https://www.mammouth.media/body-positivisme-mouvement-faussement-incluant/

Sobczak, C., & Scott, E. (1996). The Body Positive: A Guide to Loving Your Body. Gurze Books.

Süddeutsche Zeitung Magazin. (2024). Le Body Positivisme : À la recherche de ses origines [Article]. Süddeutsche Zeitung.

Stand-up féminin

Nouvelle séance à 21h !

Plongez dans l’univers hilarant du stand-up avec Dena, Sarah Lélé, Oriane Garcia et Fanny Ruwet, au KINGS Comedy Club à Ixelles, le dimanche 17 mars.
Le CFEP vous propose une soirée inoubliable où les femmes prennent le devant de la scène pour vous faire mourir de rire.
Au programme de ce plateau 100% féminin : 4 humoristes vous font découvrir leur 4 univers pendant 15 minutes, pour un moment de détente et de joie militante.
Venez profiter avec nous de leur humour sans filtre, où les rires fusent à chaque punchline, où les anecdotes du quotidien prennent une toute nouvelle dimension et où plus rien n’est tabou !
Réservez vos places dès maintenant : le ticket est à 5 euros par personne et un verre est offert sur place !

S’ouvrir aux autres et à soi-même ?

Le jeudi 23 novembre 2023 s’est tenu notre conférence de l’automne. Ihsane Haouach en était l’invitée et elle nous a présenté son livre et son idée de modèle répondant à la question : comment mieux s’ouvrir à soi-même et aux autres ?

En résumé

Ses principaux conseils sont :

  • Apprendre à se connaitre et oser rester soi­-même ;
  • Être ouvert.e aux autres, malgré nos différences, en ayant la patience de les écouter, de tenter de se mettre à leur place ;
  • Respecter les points de vue de chacun.e, nos interprétations nous sont propres et uniques, elles dépendent de notre éducation, de nos expériences de vie et sont toutes aussi valables et valides que les autres.

Se connaître et rester nous-mêmes, c’est définir ses valeurs et assumer ses convictions, sans que cela ne signifie qu’il faut camper sur ses positions et qu’il est interdit de changer d’avis. Toute personne a quelque chose à nous offrir et à nous apprendre, le tout est de lui en donner la chance. Tout comme nous avons toutes et tous des trésors à offrir et apprendre aux autres, le tout étant de s’en donner la chance. Trouver un équilibre stable entre ses valeurs et l’ouverture à l’autre. Ne pas s’enfermer dans ses choix, oser échanger, sans rien attendre en retour que la richesse du partage. Souvent, même si tout semble nous opposer, en dialoguant, des convergences peuvent naître et c’est là que la magie opère. Se sentir compris.e, entendu.e, écouté.e, aimé.e reste les clés vers l’apaisement personnel, mais aussi collectif.

Envie de découvrir le modèle OPEN en vidéo ?

Vous trouverez ici la vidéo, résumant la proposition OPEN d’Ishane Haouach. Merci à toutes les personnes qui sont venues, nous avons été ravies de partager cette soirée avec vous. On espère vous revoir bientôt, on vous concocte une chouette soirée en mars 2024 !

broderie art de décoration féministe

La broderie, un art ancien, est une pratique dont les racines remontent à l’Antiquité. Des traces de cet art se retrouvent dans des civilisations telles que l’Égypte, la Grèce, l’Empire […]

Petits guides sur le féminisme : le féminisme, c'est quoi ? Les vagues, les types et les féminismes intersectionnels

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Conférence d'Ihsane Haouach

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OPEN, le modèle d’Ihsane Haouach en vidéo

Et si l’ouverture au monde commençait par l’ouverture à soi-même ? Voici une vidéo qui vous résume le modèle OPEN (ouverture, patience, empathie et naturel) d’Ihsane Haouach pour plus d’inclusivité dans le monde du travail.

broderie art de décoration féministe

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Le 15 décembre 2022, le CFEP organisait une conférence sur la thématique Emploi, genre et diversité. Emilie Brébant, anthropologue et formatrice en prise de parole publique, y a analysé les […]

J'existe

J’existe – Le combat pour la visibilité est un événement organisé par le CFEP à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, en collaboration avec PointCulture, le 11 […]

Le 17 mars 2023, le CFEP organisait un spectacle d’improvisation théâtrale sur le thème de la charge mentale, intitulé « La charge mentale : stop ou encore ? ». Performé par la […]

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Trouver Sa Voix, c’est une table de conversation organisée en collaboration avec l‘ARC Bruxelles. Les tables de conversation ou ateliers d’alphabétisation font partie des activités fondamentales du CFEP. Elles permettent […]

Le selfcare : origines, limites & enjeux

Dans notre société actuelle, le selfcare est devenu une tendance incontournable. Les médias regorgent de messages encourageant à prendre du temps pour soi, à s’offrir des moments de détente et à se chouchouter. Le selfcare est célébré comme un acte d’amour envers soi-même.

Chaque jour, le #selfcare est utilisé plus de 18 millions de fois sur Instagram ; c’est un des plus populaires. Mais que se cache-t-il réellement derrière cette tendance ? D’où vient-elle ? Quelles en sont les limites et les enjeux ?

ORIGINES

Il faut tout d’abord noter que le concept du selfcare vient initialement des mouvements radicaux noirs et féministes états-uniens des années 50. Il est alors « un moyen de résister aux systèmes de suprématie blanche, de patriarcat et de capitalisme »[1]. Les activistes insistent sur sa primordialité pour contrer l’épuisement, ainsi que pour se protéger et guérir des traumatismes d’oppression à répétition.

« Prendre soin de moi n’est pas de l’indulgence personnelle, c’est de la préservation de soi, et c’est un acte de guerre politique. » Audre Lorde, 1988.

LIMITES

Fondamentalement, il s’agit donc de prendre du temps pour soi-même ; du temps simplement destiné à se ressourcer, à se détendre, à trouver un équilibre et de la compassion envers soi-même. In fine, de préserver un mode de vie épanouissant et durable.

Actuellement, les dérives du bien-être se situent à l’intersection entre nombreuses discriminations : elles sont sexistes, classistes, individualistes, productivistes…

CONSUMÉRISME & INDIVIDUALISME

Ines nous a prévenu·es ; la peau a 3 besoins, le reste est marketing. Et, en effet, le bien-être est devenu « un marché, l’une des poules aux œufs d’or du capitalisme à la fin des années 80 et s’impose peu à peu comme une obligation » (Camille Teste, Politiser le bien-être, Binge Editions, 2023). Cette industrie a été évaluée à environ 11 milliards de dollars en 2018 et continue de croître.

En effet, malgré la radicalité de son origine et la beauté de l’idée de base, le selfcare tel que nous le connaissons aujourd’hui a été édulcoré et marchandisé. Nous, consommateurices, recherchons des voies de soulagement face aux stress toujours croissants auxquels nous sommes confronté.es ; aussi, les entreprises, toujours aussi réactives, répondent à cette demande et ce besoin grandissant en les capitalisant. Cette récente tendance du marketing axé sur le bien-être est une stratégie très claire pour nous distraire et nous tenir éloigné.es des réels enjeux sociétaux actuels.

Mais pourquoi ça marche ? Est-ce que le selfcare n’est pas devenu une excuse pour glorifier un monde de plus en plus individualiste ?

On nous dit simplement d’acheter un nouveau produit pour résoudre nos problèmes. Mais aucun nombre de bains moussants ou de jus verts ne pourra réparer une culture qui dévalue constamment notre bien-être émotionnel et nous dit que la seule manière d’être heureux.se est de continuer à se mettre une pression sur les épaules pour aller mieux, chacun.e chez soi.

Or, quand le monde est hostile, on se referme sur son petit cocon, sa petite vie à soi. En effet, le selfcare, c’est notre moyen individuel d’avoir la sensation de reprendre le contrôle de nos vies. C’est notre échappatoire. En effet, nos problèmes actuels sont tellement immenses (climat, fascisme, sexisme, racisme…) que, « à défaut de se sentir capable de s’attaquer aux réels problèmes, on s’attaque aux symptômes. On a totalement perdu ce réflexe du collectif, d’organisation collective » (Camille Teste, Politiser le bien-être, Binge Editions, 2023).

« Cette idée que nous n’avons aucune responsabilité collective de ce qu’il se passe dans le monde ou dans le cœur des autres, c’est une théorie fictionnelle de propagande politique, qui nous mène tout droit à un égoïsme suprême érigée en valeur morale, qui nous insensibilise petit à petit et nous envoie droit vers la catastrophe fasciste. Parce que sans communauté, sans responsabilité commune, il n’y a plus de collectif ni de société » (Judith Duportail, Selfcare ta mère, Binge Audio, 2023).

CLASSISME, SEXISME & CAPITALISME

Il faut être honnête : nous parlons ici d’un concept principalement orienté vers les femmes ou personnes qui se définissent comme telles. Le patriarcat perpétue des standards de beauté inaccessibles, exerçant une pression sur nous pour atteindre un certain niveau de perfection. Les réseaux sociaux sont souvent inondés d’images de routines de selfcare impeccables, de séances d’entraînement quotidiennes, de repas sains préparés avec soin, et de spas à domicile somptueux. Cette représentation idéalisée du selfcare peut créer un sentiment de culpabilité pour les gens qui ne parviennent pas à suivre ces normes élevées.

Une autre limite du selfcare est son coût potentiel. De nombreuses pratiques de selfcare, telles que les soins de la peau haut de gamme, les abonnements à des studios de fitness, ou même des vacances de bien-être, peuvent être financièrement inabordables pour une très grande partie de la population. Cela crée une discrimination de plus entre les gens, engendrant des sentiments d’injustice et d’exclusion.

Le selfcare peut également être compromis par la pression du temps et de la productivité. Dans une société où le rythme de vie est souvent effréné, prendre du temps pour soi peut sembler un luxe que peu de gens peuvent se permettre. Parallèlement, il existe une pression sociale pour être constamment productif, ce qui peut pousser les individus à négliger leurs besoins en selfcare au profit de l’efficacité.

On le comprend, le selfcare est représentatif de notre société quand on observe les discriminations qu’il englobe : dérives individualiste et capitaliste, privilèges de classes, etc. Pour autant, cela reste un concept essentiel dans nos vies.

Mais, alors, comment redonner au bien-être sa beauté militante ?

Comment trouver l’équilibre en ces temps de chaos ?

Image représentant une personne qui prend soin d'elle : bigoudis, crème, plantes...

ENJEUX

Techniquement, nos questionnements étant individualisés et psychologisés (ai-je une belle peau ? bois-je assez d’eau ?) et des « solutions rapides » sous forme de produits nous étant soumises (masques, gourdes graduées, coachings…), nous sommes chacun et chacune rendu·es incapables de déceler les problèmes plus systémiques et sociologiques qui bouillonnent sous la surface et architecturent nos sociétés. Pourtant, les maux transpercent toutes les strates de la population : des personnes de tous âges signalent une augmentation du stress, de l’épuisement professionnel et de l’anxiété. Les hospitalisations pour des crises de santé mentale sont en hausse. Nous nous faisons donc un grand déservice en traitant et définissant le bien-être comme une matière seulement intime, plutôt que comme faisant partie d’un système plus vaste qui nous nuit touxtes. N’oublions jamais que l’intime est politique.

Bien sûr, le selfcare, en soi, n’est certainement pas une chose mauvaise, égoïste ou frivole.

Au contraire, il reste une pratique précieuse pour le bien-être mental et physique. Ne tombons pas dans l’autre extrême en s’interdisant nos moments de bien-être : une journée au spa, un bon bain chaud, une crème qui sent bon, une séance de Pilates… Evidemment, tout cela est extrêmement agréable et important. Plus que jamais, nous avons toustes besoin de moments de répit, de paix, pour respirer, faire une pause.

Pour autant, ne nous laissons pas trop embarquer dans l’esthétique de cette tendance marketing et ne laissons pas ce principe vertueux devenir une source de stress supplémentaire. Il est temps de repolitiser ce bien-être et d’en faire une arme collective au service du peuple. Les pratiques du bien-être sont souvent intéressantes intrinsèquement, mais sont à réfléchir pour les transformer en outil au service d’un projet de société plus juste. Pour cela, il serait intéressant de revenir à la source du concept d’Audre Lorde…

Les combats à mener sont multiples, complexes… mais tout autant enrichissants et essentiels. Ramenons de la joie dans nos luttes, organisons-nous ensemble pour intégrer de la tendresse dans nos révoltes. L’avenir, le monde dont on rêve est un monde plus juste, plus respectueux, plus heureux. Mais, afin d’y arriver, nous ne pouvons pas nous laisser happer par l’aigreur et la pollution actuelle. Nous ne devons de montrer que ce pour quoi on se bat est beau, mobilisons-nous pour nos luttes fédératrices. Et, pour cela, nous ne pouvons pas y laisser notre santé. Et c’est à cet équilibre qu’il faut essayer de tendre.

Concluons peut-être par cette citation de Virginie Despentes : « La douceur et la bienveillance sont les notions les plus antinomiques avec le système qui nous opprime. La douceur et la bienveillance, c’est le contraire de l’exploitation capitaliste ». Soyons doux·ces, envers nous-mêmes, les autres, nos corps et nos esprits, envers nos enfants et leur cœur, envers la planète et ses cadeaux. De cette douceur découlera le changement.

Rapport d’activités 2022

L’année 2022 nous a permis de reprendre peu à peu un rythme tout à fait normal après plusieurs années chahutées par la pandémie de Covid. Nous avons eu plus d’absences que les années précédentes ce qui nous a demandé plus de temps pour reprendre régulièrement contact avec les participant.e.s qui étaient sur la voie du décrochage.

Notre public a aussi été un peu plus difficile à contacter à la rentrée de septembre 2022. Heureusement, peu à peu, les groupes se sont constitués de façon homogène.

Les Ateliers de l’Egalité et de la Citoyenneté ont à nouveau permis aux participantes de prendre une place plus visible et plus concrète dans la société grâce aux nombreuses activités proposées. Elles ont aussi été présentes lors des activités hors de nos murs, au PointCulture par exemple ou encore lors du Festival Féministe organisé par la Maison Amazone.

Les Ateliers informatiques pour adultes débutant.e.s ont aussi trouvé leur public, issus de nos groupes de participant.e.s mais aussi d’autres associations de la commune. Nous constatons que ces ateliers répondent à un réel besoin des personnes qui fréquentent notre association. La fracture numérique s’intensifie depuis quelques années et nous tentons de la combattre au mieux avec l’aide de notre partenaire, l’ARC asbl. Les femmes en particulier sont concernées par cette fracture numérique et sont demandeuses d’activités qui leurs permettent de gagner en autonomie pour leur vie quotidienne.

Notre public était aussi au rendez-vous lors de nos événements ce qui nous a réellement fait plaisir après de longs mois avec très peu de sorties culturelles. Nous espérons là-aussi avoir répondu aux attentes des personnes qui nous soutiennent depuis longtemps ou à celles qui peu à peu nous rejoignent.

Notre nouvelle communication nous permettra, nous l’espérons, d’aller à la rencontre d’un nouveau public, sans doute un peu plus jeune, et certainement grâce à la dynamisation de nos activités sur les réseaux sociaux.

Tous les détails de cette année charnière sont dans notre rapport d’activités 2022.

broderie art de décoration féministe

La broderie, un art ancien, est une pratique dont les racines remontent à l’Antiquité. Des traces de cet art se retrouvent dans des civilisations telles que l’Égypte, la Grèce, l’Empire […]

Petits guides sur le féminisme : le féminisme, c'est quoi ? Les vagues, les types et les féminismes intersectionnels

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Depuis plusieurs décennies, le mouvement du body positivisme a évolué, passant d’une révolution contre les normes esthétiques oppressives à une expression individualiste de l’acceptation de soi.  Originalement conçu par les […]

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conférence gesticulée

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J’existe – Le combat pour la visibilité

J’existe – Le combat pour la visibilité est un événement organisé par le CFEP à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, en collaboration avec PointCulture, le 11 mars 2022. Il s’agissait d’une projection et d’une exposition (visible du 11 au 31 mars 2022), ainsi que d’animations CFEplay.

L’objectif de l’événement était de mettre en valeur les différents projets réalisés par les femmes fréquentant le CFEP dans le cadre des Ateliers de l’Égalité et de la Citoyenneté (AEC), à savoir :

– « J’existe » : photographies sur la thématique des « étranger.e.s à Bruxelles », réalisées avec les participantes des AEC 2016

– Le CFEplay : jeu de société géant autour des thématiques de l’émancipation des femmes, les violences, l’interculturalité, la durabilité et la Belgique, réalisé avec les participantes des AEC 2018

– « Sésame, ouvre-toi » : film documentaire autour de la thématique des femmes sans-papiers à Bruxelles réalisé par les participantes des AEC 2019. La projection était suivie d’un débat avec Eva Jimenez Lamas, responsable à la CSC Bruxelles des Migrant.e.s/Action des Travailleur.euse.s Migrant.e.s avec et sans papiers et de la lutte contre le racisme, et Maître Bruno Dayez, avocat spécialisé en droits des étranger.e.s et intervenant dans le documentaire.

La soirée s’est clôturée avec des témoignages de femmes sans-papiers sur leur parcours. Ces témoignages ont été filmés dans le but d’interpeller Sammy Mahdi, alors Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration.

Bénédicte Linard, Ministre de la Culture, de l’Enfance, des Droits des femmes, de la Santé et des Médias au gouvernement de la Communauté française, était également présente à cette soirée.

Nous vous proposons une vidéo reprenant certains moments-clés de l’événement.

Plus d’infos sur l’expo, le CFEplay et le documentaire ?

Colloque Grossesses et maternités – overview

Un colloque Grossesses et maternités se tenait au Sénat le jeudi 9 février dernier. Le Conseil des Femmes Francophones de Belgique et le Centre d’Action Laïque l’ont organisé, dans le cadre de la Semaine des droits des femmes.

Le CFEP y a assisté. Nous souhaitions faire un tour d’horizon des principales données qui ont particulièrement attiré notre attention durant cette journée de travaux.

Il y était question de l’autonomie de décision des femmes concernant leur maternité en Belgique, qu’il s’agisse d’un refus ou d’une trajectoire de grossesse. On a également discuté de certains éléments de la législation en la matière. Le colloque rassemblait des professionnel‧le‧s très divers‧es : gynécologues, médecins, travailleur‧euse‧s en plannings familiaux, juristes, avocat‧e‧s, etc.

Qu’en est-il de l’IVG en Belgique ?

Etat des lieux

L’interruption volontaire de grossesse n’est pas encore totalement dépénalisée chez nous. On peut avorter légalement jusqu’à la 12ème semaine de grossesse, ou au-delà pour des raisons médicales seulement. Il existe pourtant des cas où l’on dépasse ce délai, pour diverses raisons propres aux parcours des femmes concernées. Alors, la solution peut être de partir avorter ailleurs. Par exemple aux Pays-Bas (délai de 24 semaines légalement, plutôt de 20 ou 22 semaines en pratique).

Mais cette dernière démarche n’est pas permise à toutes, pour des raisons financières, de régularité du séjour en Belgique, etc… Et crée donc des inégalités. Ce délai légal pour pratiquer une IVG peut donc conduire certaines femmes à mener à terme une grossesse non désirée.

De plus, un délai de réflexion de 6 jours est encore obligatoire chez nous entre une première consultation pour une IVG et le moment où on la réalise effectivement. Pour les praticien‧ne‧s présent‧e‧s au colloque Grossesses et maternités, ce délai est absurde. En effet, il allonge encore la période d’angoisse des femmes jusqu’à l’IVG. Or, leur temps de réflexion a en fait souvent commencé depuis plusieurs semaines, dès qu’elles ont appris leur grossesse.

On note que l’avortement peut se faire par une intervention médicale (aspiration) ou par voie médicamenteuse. Cette dernière méthode peut se réaliser en partie à domicile. La sécurité sociale rembourse l’IVG en Belgique.

IVG et approche de genre

En fait, les intervenant‧e‧s rappellent que la grossesse est encore largement perçue comme naturelle dans nos sociétés, alors que l’IVG fait débat. Ainsi, on ne prend jamais le temps d’avertir une femme enceinte sur les risques inhérents à sa grossesse. Par contre, on a l’obligation de l’informer des risques d’une IVG. On survalorise le fait d’être mère et on stigmatise les femmes qui n’ont pas envie de l’être, alors que la maternité amène dans la vie d’une femme tout un ensemble de difficultés sur lesquelles il semble légitime de réfléchir. Mais de toute façon, l’idée essentielle qui ressort de ce colloque est que la décision doit revenir aux femmes elles-mêmes. Et non à la société et ses attentes de genre qui prennent position à leur place.

L’IVG s’inscrit dans la lutte pour les droits des femmes. Or, ces droits ne sont jamais acquis, et peuvent fluctuer avec l’actualité, comme on l’a récemment constaté aux Etats-Unis ou en Afghanistan. Pour la Belgique, il est essentiel de faire de l’avortement un champ d’action politique. Il faut lever les tabous à ce sujet, déstigmatiser la pratique, normaliser (sans banaliser) l’IVG comme un acte de santé publique. Et ouvrir le champ des possibles quant aux trajectoires de vie que les femmes peuvent se choisir.

Quelques considérations sur les maternités

Des grossesses par et pour les femmes

Pour ce qui est des femmes qui désirent être mères, les intervenant‧e‧s du colloque ont étudié plusieurs questions. Il s’agit avant tout de favoriser la participation active des femmes au suivi de leur grossesse. Les praticien‧ne‧s se doivent de leur fournir des informations appuyées scientifiquement et mises à jour. Les patientes doivent pouvoir s’en servir pour faire leurs propres choix éclairés tout au long de leur trajectoire de grossesse, puisque c’est leur corps que ces choix concernent. Il s’agit de pouvoir faire valoir leurs droits, sans déléguer intégralement et aveuglément la gestion de leur grossesse aux professionnel‧le‧s de la santé.

Cette autonomisation des femmes passe par un accent davantage mis sur le facteur humain dans les formations des médecins et le mode de tarification de l’INAMI. Les professionnel‧le‧s plaident, en effet, pour plus de temps, et de meilleure qualité, passé avec leurs patientes en consultation. La figure de la sage-femme doit également être davantage valorisée et impliquée dans le processus. Ces éléments augmentent la possibilité d’informer et d’accompagner correctement les patientes.

Grossesses et risques

Cette importance de l’information et du consentement des femmes enceintes permet de rappeler l’existence des violences (gynécologiques) obstétricales. En effet, celles-ci peuvent se manifester notamment tout au long d’un parcours d’accompagnement de grossesse. Selon la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée (2022), ces violences concernent « tout acte médical, posture, intervention non approprié ou non consenti » de la part du personnel de santé. Elles peuvent donc inclure des actes ou des traitements non justifiés par les recommandations des organismes de santé, une non-reconnaissance de la douleur des patientes, des propos déplacés ou humiliants, des actes réalisés sans en informer la patiente, etc. La Plateforme ajoute que ces violences concernent une femme sur cinq. Et le ratio augmente si la patiente a une couleur de peau qui fait l’objet de discriminations ou si elle a un niveau d’études secondaire, par exemple.

En outre, la grossesse est une condition qui favorise l’augmentation des violences conjugales.

Enfin, la situation bruxelloise amène des difficultés particulières dans la prise en charge des femmes enceintes. En effet, un enfant sur quatre va naître dans la pauvreté à Bruxelles. Or, une situation de précarité fait passer la santé au second plan dans les priorités des personnes qui la vivent. Cela diminue l’efficacité des campagnes de prévention autour de la grossesse et la parentalité. De plus, environ 70% des femmes bruxelloises qui arrivent à l’accouchement sont d’origine étrangère. Cela peut représenter un défi supplémentaire lorsqu’il s’agit de s’assurer des bonnes information et compréhension de la patiente dans son suivi de grossesse.

Plus d’infos sur le colloque Grossesses et maternités auprès du Centre d’Action Laïque : https://www.laicite.be/evenement/grossesses-et-maternites/

Vers le site de la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée, d’où sont extraites les informations sur les violences obstétricales : https://www.naissancerespectee.be/sos-violence/

Explorez d’autres sujets de société au prisme de l’approche de genre

Emploi, genre et diversité – vidéos

Le 15 décembre 2022, le CFEP organisait une conférence sur la thématique Emploi, genre et diversité. Emilie Brébant, anthropologue et formatrice en prise de parole publique, y a analysé les constructions sociales de genre que révèlent les mécanismes de prise de parole en public et d’éloquence. Elle a également proposé des outils pour amener une meilleure représentation des femmes dans ce domaine. Joelle Jablan, consultante et formatrice diversité et inclusion en entreprise, nous a parlé des inégalités de genre en termes de santé dans le monde du travail. Elle a aussi énuméré quelques pratiques inspirantes pour mieux tenir compte des spécificités biologiques et sociales des femmes dans les entreprises.

Personne devant un ordinateur, bloc-notes, et tasse de café

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